Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/146

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que nous jouer, lorsque nous trouvons un gibier aussi facile que celui-là.


Scène IV.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC, SBRIGANI.
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC, se croyant seul.

Piglialo sù, piglialo sù, signor monsu. Que diable est-ce cela ? (Apercevant Sbrigani.) Ah !

SBRIGANI.

Qu’est-ce, monsieur ? Qu’avez-vous ?

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Tout ce que je vois me semble lavement.

SBRIGANI.

Comment ?

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Vous ne savez pas ce qui m’est arrivé dans ce logis à la porte duquel vous m’avez conduit ?

SBRIGANI.

Non, vraiment. Qu’est-ce que c’est ?

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Je pensois y être régalé comme il faut.

SBRIGANI.

Hé bien ?

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Je vous laisse entre les mains de monsieur. Des médecins habillés de noir. Dans une chaise. Tâter le pouls. Comme ainsi soit. Il est fou. Deux gros jouflus. Grands chapeaux. Buon dì, buon dì. Six pantalons Ta, ra, ta, ta ; ta, ra, ta, ta. Allegramente, monsu Pourceaugnac. Apothicaire. Lavement. Prenez, monsieur ; prenez, prenez. Il est benin, benin, benin. C’est pour déterger, pour déterger, déterger. Piglialo sù, signor monsu ; piglialo, piglialo, piglialo sù. Jamais je n’ai été si soûl de sottises.

SBRIGANI.

Qu’est-ce que tout cela veut dire ?

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Cela veut dire que cet homme-là, avec ses grandes embrassades, est un fourbe qui m’a mis dans une maison pour te moquer de moi, et me faire une pièce.

SBRIGANI.

Cela est-il possible ?