Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/199

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Avoir l’audace de m’aimer, et de plus avoir l’audace de le dire ?

CLITIDAS.

Ce n’est pas vous, Madame, dont il est amoureux.

ÉRIPHILE.

Ce n’est pas moi ?

CLITIDAS.

Non, Madame : il vous respecte trop pour cela, et est trop sage pour y penser.

ÉRIPHILE.

Et de qui donc, Clitidas ?

CLITIDAS.

D’une de vos filles, la jeune Arsinoé.

ÉRIPHILE.

A-t-elle tant d’appas, qu’il n’ait trouvé qu’elle digne de son amour ?

CLITIDAS.

Il l’aime éperdument, et vous conjure d’honorer sa flamme de votre protection.

ÉRIPHILE.

Moi ?

CLITIDAS.

Non, non, Madame : je vois que la chose ne vous plaît pas. Votre colère m’a obligé à prendre ce détour, et pour vous dire la vérité, c’est vous qu’il aime éperdument.

ÉRIPHILE.

Vous êtes un insolent de venir ainsi surprendre mes sentiments. Allons, sortez d’ici ; vous vous mêlez de vouloir lire dans les âmes, de vouloir pénétrer dans les secrets du cœur d’une Princesse. Ôtez-vous de mes yeux, et que je ne vous voie jamais, Clitidas.

CLITIDAS.

Madame.

ÉRIPHILE.

Venez ici. Je vous pardonne cette affaire-là.

CLITIDAS.

Trop de bonté, Madame.

ÉRIPHILE.