Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/200

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Mais à condition, prenez bien garde à ce que je vous dis, que vous n’en ouvrirez la bouche à personne du monde, sur peine de la vie.

CLITIDAS.

Il suffit.

ÉRIPHILE.

Sostrate t’a donc dit qu’il m’aimait ?

CLITIDAS.

Non, Madame : il faut vous dire la vérité. J’ai tiré de son cœur, par surprise, un secret qu’il veut cacher à tout le monde, et avec lequel il est, dit-il, résolu de mourir ; il a été au désespoir du vol subtil que je lui en ai fait ; et bien loin de me charger de vous le découvrir, il m’a conjuré, avec toutes les instantes prières qu’on saurait faire, de ne vous en rien révéler, et c’est trahison contre lui que ce que je viens de vous dire.

ÉRIPHILE.

Tant mieux : c’est par son seul respect qu’il peut me plaire ; et s’il était si hardi que de me déclarer son amour, il perdrait pour jamais et ma présence et mon estime.

CLITIDAS.

Ne craignez point, Madame

ÉRIPHILE.

Le voici. Souvenez-vous au moins, si vous êtes sage, de la défense que je vous ai faite.

CLITIDAS.

Cela est fait, Madame : il ne faut pas être courtisan indiscret.



Scène III

SOSTRATE, ÉRIPHILE
SOSTRATE.

J’ai une excuse, Madame, pour oser interrompre votre solitude, et j’ai reçu de la Princesse votre mère une commission qui autorise la hardiesse que je prends maintenant.

ÉRIPHILE.

Quelle commission, Sostrate ?

SOSTRATE.