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LE BOURGEOIS GENTILHOMME.

MONSIEUR JOURDAIN.

Je vous prie tous deux de ne vous point en aller qu’on ne m’ait apporté mon habit, afin que vous me puissiez voir.

LE MAÎTRE À DANSER.

Tout ce qu’il vous plaira.

MONSIEUR JOURDAIN.

Vous me verrez équipé comme il faut, depuis les pieds jusqu’à la tête.

LE MAÎTRE DE MUSIQUE.

Nous n’en doutons point.

MONSIEUR JOURDAIN.

Je me suis fait faire cette indienne-ci.

LE MAÎTRE À DANSER.

Elle est fort belle.

MONSIEUR JOURDAIN.

Mon tailleur m’a dit que les gens de qualité étoient comme cela le matin.

LE MAÎTRE DE MUSIQUE.

Cela vous sied à merveille.

MONSIEUR JOURDAIN.

Laquais ! holà, mes deux laquais !

PREMIER LAQUAIS.

Que voulez-vous, monsieur ?

MONSIEUR JOURDAIN.

Rien. C’est pour voir si vous m’entendez bien. (Au maître de musique et au maître à danser.) Que dites-vous de mes livrées ?

LE MAÎTRE À DANSER.

Elles sont magnifiques.

MONSIEUR JOURDAIN, entr’ouvrant sa robe, et faisant voir son haut-de-chausses étroit de velours rouge, et sa camisole de velours vert.

Voici encore un petit déshabillé pour faire le matin mes exercices.

LE MAÎTRE DE MUSIQUE.

Il est galant.

MONSIEUR JOURDAIN.

Laquais !

PREMIER LAQUAIS.

Monsieur.

MONSIEUR JOURDAIN.

L’autre laquais !