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Les Fourberies de Scapin.

Scapin.

Il faut se laisser vaincre, et avoir de l’humanité. Allez, je veux m’employer pour vous.

Octave.

Crois que…

Scapin.

Chut ! (À Hyacinte.) Allez-vous-en, vous, et soyez en repos.


Scène IV.

OCTAVE, SCAPIN, SYLVESTRE.
Scapin, à Octave.

Et vous, préparez-vous à soutenir avec fermeté l’abord de votre père.

Octave.

Je t’avoue que cet abord me fait trembler par avance ; et j’ai une timidité naturelle que je ne saurois vaincre.

Scapin.

Il faut pourtant paraître ferme au premier choc, de peur que, sur votre foiblesse, il ne prenne le pied de vous mener comme un enfant. Là, tâchez de vous composer par étude un peu de hardiesse, et songez à répondre résolument sur tout ce qu’il pourra vous dire.

Octave.

Je ferai du mieux que je pourrai.

Scapin.

Çà, essayons un peu, pour vous accoutumer. Répétons un peu votre rôle et voyons si vous ferez bien. Allons ; la mine résolue, la tête haute, les regards assurés.

Octave.

Comme cela ?

Scapin.

Encore un peu davantage.

Octave.

Ainsi ?

Scapin.

Bon. Imaginez-vous que je suis votre père qui arrive, et répondez-moi fermement comme si c’étoit à lui-même. Comment ! pendard, vaurien, infâme, fils indigne d’un père comme moi, oses-tu bien paroître devant mes yeux après tes bons déportements, après le lâche tour que tu m’as joué pendant mon absence ? Est-ce là le fruit de mes soins, ma-