Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/444

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
434
Les Fourberies de Scapin.

trait que tu m’as joué ; on vient de me l’apprendre, et tu ne croyais pas peut-être que l’on me dût révéler ce secret ; mais je veux en avoir la confession de ta propre bouche, ou je vais te passer cette épée au travers du corps.

Scapin.

Ah ! Monsieur, auriez-vous bien ce cœur-là ?

Léandre.

Parle donc.

Scapin.

Je vous ai fait quelque chose, Monsieur ?

Léandre.

Oui, coquin, et ta conscience ne te dit que trop ce que c’est.

Scapin.

Je vous assure que je l’ignore.

Léandre, s’avançant pour frapper Scapin.

Tu l’ignores !

Octave, retenant Léandre.

Léandre !

Scapin.

Hé bien ! Monsieur, puisque vous le voulez, je vous confesse que j’ai bu avec mes amis ce petit quartaut de vin d’Espagne dont on vous fit présent il y a quelques jours, et que c’est moi qui fis une fente au tonneau, et répandis de l’eau autour, pour faire croire que le vin s’était échappé.

Léandre.

C’est toi, pendard, qui m’as bu mon vin d’Espagne, et qui as été cause que j’ai tant querellé la servante, croyant que c’était elle qui m’avait fait le tour ?

Scapin.

Oui, Monsieur ; je vous en demande pardon.

Léandre.

Je suis bien aise d’apprendre cela. Mais ce n’est pas l’affaire dont il est question maintenant.

Scapin.

Ce n’est pas cela, Monsieur ?

Léandre.

Non : c’est une autre affaire qui me touche bien plus, et je veux que tu me la dises.

Scapin.

Monsieur, je ne me souviens pas d’avoir fait autre chose.