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Acte II, scène XI.

voie vous dire que si vous ne lui envoyez par moi, tout à l’heure, cinq cents écus, il va vous emmener votre fils en Alger.

Géronte.

Comment, diantre ! cinq cents écus !

Scapin.

Oui, monsieur ; et, de plus, il ne m’a donné pour cela que deux heures.

Géronte.

Ah ! le pendard de Turc ! m’assassiner de la façon !

Scapin.

C’est à vous, monsieur, d’aviser promptement aux moyens de sauver des fers un fils que vous aimez avec tant de tendresse.

Géronte.

Que diable alloit-il faire dans cette galère[1] ?

Scapin.

Il ne songeoit pas à ce qui est arrivé.

Géronte.

Va-t’en, Scapin, va-t’en vite dire à ce Turc que je vais envoyer la justice après lui.

Scapin.

La justice en pleine mer ! Vous moquez-vous des gens ?

Géronte.

Que diable alloit-il faire dans cette galère ?

Scapin.

Une méchante destinée conduit quelquefois les personnes.

Géronte.

Il faut, Scapin, il faut que tu fasses ici l’action d’un serviteur fidèle.

Scapin.

Quoi, Monsieur ?

Géronte.

Que tu ailles dire à ce Turc qu’il me renvoie mon fils, et

  1. Ce mot, qui est devenu un dicton populaire, est emprunté au Pédant joué de Cyrano de Bergerac, acte II, scènes IV et V. Dans une situation à peu près analogue, Granger, qui joue dans le Pédant le même rôle que Géronte, dans les Fourberies, répète à plusieurs reprises : — Que diable aller faire aussi dans la galère d’un Turc ? d’un Turc ! — Et quoi faire, de par tous les diables, dans la galère d’un Turc ? Ô galère ! galère ! tu mets bien ma bourse aux galères.