Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/462

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
452
Les Fourberies de Scapin.

que tu te mettes à sa place jusqu’à ce que j’aie amassé la somme qu’il demande.

Scapin.

Hé ! Monsieur, songez-vous à ce que vous dites ? et vous figurez-vous que ce Turc ait si peu de sens que d’aller recevoir un misérable comme moi à la place de votre fils ?

Géronte.

Que diable alloit-il faire dans cette galère ?

Scapin.

Il ne devinoit pas ce malheur. Songez, monsieur, qu’il ne m’a donné que deux heures.

Géronte.

Tu dis qu’il demande…

Scapin.

Cinq cents écus.

Géronte.

Cinq cents écus ! N’a-t-il point de conscience ?

Scapin.

Vraiment oui, de la conscience à un Turc !

Géronte.

Sait-il bien ce que c’est que cinq cents écus ?

Scapin.

Oui, monsieur ; il sait que c’est mille cinq cents livres.

Géronte.

Croit-il, le traître, que mille cinq cents livres se trouvent dans le pas d’un cheval ?

Scapin.

Ce sont des gens qui n’entendent point de raison.

Géronte.

Mais que diable alloit-il faire à cette galère ?

Scapin.

Il est vrai. Mais quoi ! on ne prévoyoit pas les choses. De grâce, Monsieur, dépêchez !

Géronte.

Tiens, voilà la clef de mon armoire.

Scapin.

Bon.

Géronte.

Tu l’ouvriras.

Scapin.

Fort bien.