Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/617

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argan.

Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.

toinette.

Et moi, je lui défends absolument d’en faire rien.

argan.

Où est-ce donc que nous sommes ? et quelle audace est-ce là, à une coquine de servante, de parler de la sorte devant son maître ?

toinette.

Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser.

argan, courant après Toinette.

Ah ! insolente, il faut que je t’assomme.

toinette, évitant Argan, et mettant la chaise entre elle et lui.

Il est de mon devoir de m’opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer.

argan, courant après Toinette autour de la chaise avec son bâton.

Viens, viens, que je t’apprenne à parler.

toinette, se sauvant du côté où n’est point Argan.

Je m’intéresse, comme je dois, à ne vous point laisser faire de folie.

argan, de même.

Chienne !

toinette, de même.

Non, je ne consentirai jamais à ce mariage.

argan, de même.

Pendarde !

toinette, de même.

Je ne veux point qu’elle épouse votre Thomas Diafoirus.

argan, de même.

Carogne !

toinette, de même.

Et elle m’obéira plutôt qu’à vous.

argan, s’arrêtant.

Angélique, tu ne veux pas m’arrêter cette coquine-là ?

angélique.

Hé ! mon père, ne vous faites point malade.

argan, à Angélique.

Si tu ne me l’arrêtes, je te donnerai ma malédiction.