Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/635

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polichinelle.

Hé ! n’est-il rien, messieurs, qui soit capable d’attendrir vos ames ?

archers.

        Il est aisé de nous toucher ;
    Et nous sommes humains, plus qu’on ne sauroit croire.
    Donnez-nous seulement six pistoles pour boire
          Nous allons vous lâcher.

polichinelle.

Hélas ! messieurs, je vous assure que je n’ai pas un sol sur moi.

archers.

          Au défaut de six pistoles,
          Choisissez donc, sans façon,
          D’avoir trente croquignoles,
          Ou douze coups de bâton.

polichinelle.

Si c’est une nécessité, et qu’il faille en passer par là, je choisis les croquignoles.

archers.

          Allons, préparez-vous,
          Et comptez bien les coups.

DEUXIÈME ENTRÉE DE BALLET.
Les archers danseurs lui donnent des croquignoles en cadence.
polichinelle, pendant qu’on lui donne des croquignoles.

Un et deux, trois et quatre, cinq et six, sept et huit, neuf et dix, onze et douze, et treize, et quatorze et quinze.

archers.

        Ah ! ah ! vous en voulez passer !
        Allons, c’est à recommencer.

polichinelle.

Ah ! messieurs, ma pauvre tête n’en peut plus, et vous venez de me la rendre comme une pomme cuite. J’aime mieux encore les coups de bâton que de recommencer.

archers.

    Soit, puisque le bâton est pour vous plus charmant,
        Vous aurez contentement.

TROISIÈME ENTRÉE DE BALLET.
Les archers danseurs lui donnent des coups de bâton en cadence.