Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/662

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louison.

Ah ! mon papa, votre petit doigt est un menteur.

argan.

Prenez garde.

louison.

Non, mon papa ; ne le croyez pas : il ment, je vous assure.

argan.

Oh bien, bien, nous verrons cela. Allez-vous-en, et prenez bien garde à tout : allez. (Seul.) Ah ! il n’y a plus d’enfants ! Ah ! que d’affaires ! Je n’ai pas seulement le loisir de songer à ma maladie. En vérité, je n’en puis plus.

(Il se laisse tomber dans une chaise.)

Scène XII.

BÉRALDE, ARGAN
béralde.

Hé bien, mon frère ! qu’est-ce ? Comment vous portez-vous ?

argan.

Ah ! mon frère, fort mal.

béralde.

Comment ! fort mal ?

argan.

Oui, je suis dans une foiblesse si grande, que cela n’est pas croyable.

béralde.

Voilà qui est fâcheux.

argan.

Je n’ai pas seulement la force de pouvoir parler.

béralde.

J’étois venu ici, mon frère, vous proposer un parti pour ma nièce Angélique.

argan, parlant avec emportement, et se levant de sa chaise.

Mon frère, ne me parlez point de cette coquine-là. C’est une friponne, une impertinente, une effrontée, que je mettrai dans un couvent avant qu’il soit deux jours.

béralde.

Ah ! voilà qui est bien ! Je suis bien aise que la force vous revienne un peu, et que ma visite vous fasse du bien. Oh çà, nous parlerons d’affaires tantôt. Je vous amène ici un divertissement que j’ai rencontré, qui dissipera votre cha-