moigne votre fille, vous ne devez point prendre les résolutions violentes de la mettre dans un couvent ; que, pour le choix d’un gendre, il ne faut pas suivre aveuglément la passion qui vous emporte ; et qu’on doit, sur cette matière, s’accommoder un peu à l’inclination d’une fille, puisque c’est pour toute la vie, et que de là dépend tout le bonheur d’un mariage.
Scène IV.
Ah ! mon frère, avec votre permission.
Comment ? Que voulez-vous faire ?
Prendre ce petit lavement-là : ce sera bientôt fait.
Vous vous moquez. Est-ce que vous ne sauriez être un moment sans lavement ou sans médecine ? Remettez cela à une autre fois, et demeurez un peu en repos.
Monsieur Fleurant, à ce soir, ou à demain au matin.
De quoi vous mêlez-vous, de vous opposer aux ordonnances de la médecine, et d’empêcher monsieur de prendre mon clystère ? Vous êtes bien plaisant d’avoir cette hardiesse-là !
Allez, monsieur ; on voit bien que vous n’avez pas accoutumé de parler à des visages[1].
On ne doit point ainsi se jouer des remèdes, et me faire perdre mon temps. Je ne suis venu ici que sur une bonne ordonnance ; et je vais dire à monsieur Purgon comme on m’a empêché d’exécuter ses ordres, et de faire ma fonction. Vous verrez, vous verrez…
- ↑ « La première fois que cette comédie fut jouée, Béralde répondoit à l’apothicaire : Allez, monsieur, on voit bien que vous avez coutume de ne parler qu’à des c… Tous les auditeurs s’en indignèrent ; au lieu qu’on fut ravi d’entendre dire, à la seconde représentation : Allez, monsieur, on voit bien que vous n’avez pas accoutumé de parler à des visages. »
(Lettres de Boursault, tome I, page 120.)