Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/674

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Scène V.

ARGAN, BÉRALDE.
argan.

Mon frère, vous serez cause ici de quelque malheur.

béralde.

Le grand malheur de ne pas prendre un lavement que monsieur Purgon a ordonné ! Encore un coup, mon frère, est-il possible qu’il n’y ait pas moyen de vous guérir de la maladie des médecins, et que vous vouliez être toute votre vie enseveli dans leurs remèdes ?

argan.

Mon Dieu ! mon frère, vous en parlez comme un homme qui se porte bien ; mais, si vous étiez à ma place, vous changeriez bien de langage. Il est aisé de parler contre la médecine, quand on est en pleine santé.

béralde.

Mais quel mal avez-vous ?

argan.

Vous me feriez enrager. Je voudrois que vous l’eussiez, mon mal, pour voir si vous jaseriez tant. Ah ! voici monsieur Purgon.


Scène VI.

MONSIEUR PURGON, ARGAN, BÉRALDE, TOINETTE.
monsieur purgon.

Je viens d’apprendre là-bas, à la porte, de jolies nouvelles ; qu’on se moque ici de mes ordonnances, et qu’on a fait refus de prendre le remède que j’avois prescrit.

argan.

Monsieur, ce n’est pas…

monsieur purgon.

Voilà une hardiesse bien grande, une étrange rébellion d’un malade contre son médecin !

toinette.

Cela est épouvantable.

monsieur purgon.

Un clystère que j’avois pris plaisir à composer moi-même.

argan.

Ce n’est pas moi…