Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/687

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argan.

Et les soins et les peines qu’elle prend autour de moi.

toinette.

Il est certain. (À Béralde.) Voulez vous que je vous convainque, et vous fasse voir tout à l’heure comme madame aime monsieur ? (À Argan.) Monsieur, souffrez que je lui montre son bec jaune et le tire d’erreur.

argan.

Comment ?

toinette.

Madame s’en va revenir. Mettez-vous tout étendu dans cette chaise, et contrefaites le mort. Vous verrez la douleur où elle sera quand je lui dirai la nouvelle.

argan.

Je le veux bien.

toinette.

Oui ; mais ne la laissez pas longtemps dans le désespoir, car elle en pourroit bien mourir.

argan.

Laisse-moi faire.

toinette, à Béralde.

Cachez-vous, vous, dans ce coin-là.


Scène XVII.

ARGAN, TOINETTE.
argan.

N’y a-t-il point quelque danger à contrefaire le mort ?

toinette.

Non, non. Quel danger y auroit-il ? Étendez-vous là seulement. (Bas.) Il y aura plaisir à confondre votre frère. Voici madame. Tenez-vous bien.


Scène XVIII.

BÉLINE ; ARGAN, étendu dans sa chaise ; TOINETTE.
toinette, feignant de ne pas voir Béline

Ah ! mon Dieu ! Ah ! malheur ! quel étrange accident !

béline.

Qu’est-ce, Toinette ?

toinette.

Ah ! madame !