Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 02.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’ÉCOLE DES FEMMES

COMÉDIE


REPRÉSENTÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS, À PARIS, LE 26 DÉCEMBRE 1662

SUR LE THÉÂTRE DU PALAIS-ROYAL.


Voici Molière marié. L’imperfection de l’espèce humaine, plus vive et plus flagrante dans l’association de deux êtres dépendant l’un de l’autre, lui apparaît redoutable. Il a quarante et un ans et sa femme en a dix-huit ; il est sombre et contemplatif : elle est coquette et sans principes. Il ne porte pas même le nom de son père, Poquelin ; après tout, ce n’est qu’un acteur.

Jolie, admirée et vaine, fille de gentilhomme, elle est entourée de seigneurs dont les titres et les prétentions brillent comme leur épée. L’éducation d’Armande s’est faite dans la vie nomade, sur les grandes routes et à travers les villes que visitait la troupe de ses parents et de Molière. C’était cette petite Armande que depuis treize années il avait bercée sur ses genoux, dont il avait développé l’esprit, qu’il avait formée pour la scène, c’était elle qui prenait son essor du côté des marquis, de la coquetterie et du luxe, et se souciait peu des conseils donnés par ce directeur de troupe enseveli dans ses vieux livres ou dans l’étude de ses rôles, et qui lui était toujours apparu comme un père ou un tuteur.