Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 02.djvu/117

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aux nues, objet de toutes les conversations, texte de plusieurs ouvrages où son génie était controversé, Molière eut pour lui Boileau, la Fontaine et Louis XIV, qui rit jusqu’à s’en tenir les côtes, dit le journaliste Loret.

Le jansénisme comprit la terrible portée de cette bouffonnerie prétendue. Le prince de Conti, devenu dévot, passa du côté des assaillants : « Rien, dit-il dans son Traité de la comédie et des spectacles, n’est plus scandaleux que la sixième scène du second acte. » Fénelon, hostile à la sensualité matérialiste ; Jean-Jacques Rousseau, qui a toujours conservé la trace de l’austérité calviniste ; Bourdaloue, défenseur sévère des principes chrétiens ; Bossuet enfin, apôtre et dictateur du catholicisme gallican, s’élevèrent contre Molière. « Voilà, s’écrièrent-ils, comme le fit plus tard Geoffroy le journaliste, l’homme qui a donné à son siècle une impulsion nouvelle, qui a ébranlé les vieilles mœurs et brisé les entraves qui retenaient chacun dans la dépendance de son état et de ses devoirs. »

Molière, à la tête d’un nouveau parti qui était celui de l’avenir, sentit à la fois sa force et sa faiblesse. Non-seulement il rechercha la protection de Henriette d’Angleterre, qui accepta la dédicace de l’École des femmes, mais il eut recours au roi, qui lui permit de se défendre et même le lui ordonna. La Critique de l’École des femmes, dédiée à la reine mère, et l’Impromptu de Versailles, exécuté par le commandement exprès du monarque, ne sont en réalité que deux bataillons de réserve que Molière fit marcher pour soutenir l’École des femmes[1].





  1. Voyez ci-après l’introduction de la Critique et celle de l’Impromptu.