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Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/21

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Mais bien plus tard que son cœur ne souhaite.
(Ah ! ) « Mais quel est l’état où la guerre l’a mis ?
Que dit-il ? que fait-il ? Contente un peu mon âme. »
Il dit moins qu’il ne fait, madame,
Et fait trembler les ennemis. »
(Peste ! où prend mon esprit toutes ces gentillesses ? )
« Que font les révoltés ? dis-moi, quel est leur sort ?
Ils n’ont pu résister, Madame, à notre effort :
Nous les avons taillés en pièces,
Mis Ptérélas leur chef à mort,
Pris Télèbe d’assaut, et déjà dans le port
Tout retentit de nos prouesses.
Ah ! quel succès ! Ô Dieux ! Qui l’eût pu jamais croire ?
Raconte-moi, Sosie, un tel événement.
Je le veux bien, Madame ; et, sans m’enfler de gloire,
Du détail de cette victoire
Je puis parler très savamment.
Figurez-vous donc que Télèbe,
Madame, est de ce côté :
(Il marque les lieux sur sa main, ou à terre.)
C’est une ville, en vérité,
Aussi grande quasi que Thèbes.
La rivière est comme là.
Ici nos gens se campèrent ;
Et l’espace que voilà,
Nos ennemis l’occupèrent :
Sur un haut, vers cet endroit,
Était leur infanterie ;
Et plus bas, du côté droit,
Était la cavalerie.
Après avoir aux Dieux adressé les prières,
Tous les ordres donnés, on donne le signal.
Les ennemis, pensant nous tailler des croupières,
Firent trois pelotons de leurs gens à cheval ;
Mais leur chaleur par nous fut bientôt réprimée,
Et vous allez voir comme quoi.