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Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/22

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Voilà notre avant-garde à bien faire animée ;
Là, les archers de Créon, notre roi ;
Et voici le corps d’armée,

(On fait un peu de bruit.)

Qui d’abord… Attendez : le corps d’armée a peur.
J’entends quelque bruit, ce me semble. »




Scène 2


Mercure, Sosie.


Mercure, sous la forme de Sosie, sortant de la maison d’Amphitryon.

Sous ce minois qui lui ressemble,
Chassons de ces lieux ce causeur,
Dont l’abord importun troublerait la douceur
Que nos amants goûtent ensemble.

Sosie.

Mon cœur tant soit peu se rassure,
Et je pense que ce n’est rien.
Crainte pourtant de sinistre aventure,
Allons chez nous achever l’entretien.

Mercure.

Tu seras plus fort que Mercure,
Ou je t’en empêcherai bien.

Sosie.

Cette nuit en longueur me semble sans pareille.
Il faut, depuis le temps que je suis en chemin,
Ou que mon maître ait pris le soir pour le matin,
Ou que trop tard au lit le blond Phébus sommeille,
Pour avoir trop pris de son vin.

Mercure.

Comme avec irrévérence
Parle des Dieux ce maraud !
Mon bras saura bien tantôt
Châtier cette insolence,
Et je vais m’égayer avec lui comme il faut,
En lui volant son nom, avec sa ressemblance.

Sosie.

Ah ! par ma foi, j’avais raison :
C’est fait de moi, chétive créature !