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Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/52

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De mille questions qui pouvaient nous toucher.
On servit. Tête à tête ensemble nous soupâmes ;
Et le souper fini, nous nous fûmes coucher.

Amphitryon.

Ensemble ?

Alcmène.

Ensemble ? Assurément. Quelle est cette demande ?

Amphitryon.

Ah ! c’est ici le coup le plus cruel de tous,
Et dont à s’assurer tremblait mon feu jaloux.

Alcmène.

D’où vous vient à ce mot une rougeur si grande ?
Ai-je fait quelque mal de coucher avec vous ?

Amphitryon.

Non, ce n’était pas moi, pour ma douleur sensible :
Et qui dit qu’hier ici mes pas se sont portés,
Dit de toutes les faussetés
La fausseté la plus horrible.

Alcmène.

Amphitryon !

Amphitryon.

Amphitryon ! Perfide !

Alcmène.

Amphitryon ! Perfide ! Ah ! quel emportement !

Amphitryon.

Non, non : plus de douceur et plus de déférence,
Ce revers vient à bout de toute ma constance ;
Et mon cœur ne respire, en ce fatal moment,
Et que fureur et que vengeance.

Alcmène.

De qui donc vous venger ? et quel manque de foi
Vous fait ici me traiter de coupable ?

Amphitryon.

Je ne sais pas, mais ce n’était pas moi ;
Et c’est un désespoir qui de tout rend capable.

Alcmène.

Allez, indigne époux, le fait parle de soi,
Et l’imposture est effroyable.