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Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/53

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C’est trop me pousser là-dessus,
Et d’infidélité me voir trop condamnée.
Si vous cherchez, dans ces transports confus,
Un prétexte à briser les nœuds d’un hyménée
Qui me tient à vous enchaînée,
Tous ces détours sont superflus ;
Et me voilà déterminée
À souffrir qu’en ce jour nos liens soient rompus.

Amphitryon.

Après l’indigne affront que l’on me fait connaître,
C’est bien à quoi sans doute il faut vous préparer :
C’est le moins qu’on doit voir, et les choses peut-être
Pourront n’en pas là demeurer.
Le déshonneur est sûr, mon malheur m’est visible,
Et mon amour en vain voudrait me l’obscurcir ;
Mais le détail encor ne m’en est pas sensible,
Et mon juste courroux prétend s’en éclaircir.
Votre frère déjà peut hautement répondre
Que jusqu’à ce matin je ne l’ai point quitté :
Je m’en vais le chercher, afin de vous confondre
Sur ce retour qui m’est faussement imputé.
Après, nous percerons jusqu’au fond d’un mystère
Jusques à présent inouï ;
Et dans les mouvements d’une juste colère,
Malheur à qui m’aura trahi !

Sosie.

Monsieur...

Amphitryon.

Monsieur... Ne m’accompagne pas,
Et demeure ici pour m’attendre.

Cléanthis.

Faut-il ... ?

Alcmène.

Faut-il ?... Je ne puis rien entendre.
Laisse-moi seule, et ne suis point mes pas.




Scène 3


Cléanthis, Sosie.