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Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/66

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Jupiter.

Plus on aime quelqu’un, moins on trouve de peine...

Alcmène.

Non, ne m’en parlez point : vous méritez ma haine.

Jupiter.

Vous me haïssez donc ?

Alcmène.

Vous me haïssez donc ? J’y fais tout mon effort ;
Et j’ai dépit de voir que toute votre offense
Ne puisse de mon cœur jusqu’à cette vengeance
Faire encore aller le transport.

Jupiter.

Mais pourquoi cette violence,
Puisque pour vous venger je vous offre ma mort ?
Prononcez-en l’arrêt, et j’obéis sur l’heure.

Alcmène.

Qui ne saurait haïr peut-il vouloir qu’on meure ?

Jupiter.

Et moi, je ne puis vivre, à moins que vous quittiez
Cette colère qui m’accable,
Et que vous m’accordiez le pardon favorable
Que je vous demande à vos pieds.
Résolvez ici l’un des deux :
Ou de punir, ou bien d’absoudre.

Alcmène.

Hélas ! ce que je puis résoudre
Paraît bien plus que je ne veux.
Pour vouloir soutenir le courroux qu’on me donne,
Mon cœur a trop su me trahir :
Dire qu’on ne saurait haïr,
N’est-ce pas dire qu’on pardonne ?

Jupiter.

Ah ! belle Alcmène, il faut que, comblé d’allégresse…

Alcmène.

Laissez : je me veux mal de mon trop de faiblesse.