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Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/71

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Amphitryon.

Ô Ciel ! vit-on jamais une telle insolence ?
La peut-on concevoir d’un serviteur, d’un gueux ?

Mercure.

Hé bien ! qu’est-ce ? M’as-tu tout parcouru par ordre ?
M’as-tu de tes gros yeux assez considéré ?
Comme il les écarquille, et paraît effaré !
Si des regards on pouvait mordre,
Il m’aurait déjà déchiré.

Amphitryon.

Moi-même je frémis de ce que tu t’apprêtes,
Avec ces impudents propos.
Que tu grossis pour toi d’effroyables tempêtes !
Quels orages de coups vont fondre sur ton dos !

Mercure.

L’ami, si de ces lieux tu ne veux disparaître,
Tu pourras y gagner quelque contusion.

Amphitryon.

Ah ! tu sauras, maraud, à ta confusion,
Ce que c’est qu’un valet qui s’attaque à son maître.

Mercure.

Toi, mon maître ?

Amphitryon.

Toi, mon maître ? Oui, coquin. M’oses-tu méconnaître ?

Mercure.

Je n’en reconnais point d’autre qu’Amphitryon.

Amphitryon.

Et cet Amphitryon, qui, hors moi, le peut être ?

Mercure.

Amphitryon ?

Amphitryon.

Amphitryon ? Sans doute.

Mercure.

Amphitryon ? Sans doute. Ah ! quelle vision !
Dis-nous un peu : quel est le cabaret honnête
Où tu t’es coiffé le cerveau ?

Amphitryon.

Comment ? encor ?