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Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/83

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Scène 7


Amphitryon, Argatiphontidas, Posiclès, Sosie.


Amphitryon.

Arrêtez là, Messieurs ; suivez-nous d’un peu loin,
Et n’avancez tous, je vous prie,
Que quand il en sera besoin.

Posiclès.

Je comprends que ce coup doit fort toucher votre âme.

Amphitryon.

Ah ! de tous les côtés mortelle est ma douleur,
Et je souffre pour ma flamme
Autant que pour mon honneur.

Posiclès.

Si cette ressemblance est telle que l’on dit,
Alcmène, sans être coupable…

Amphitryon.

Ah ! sur le fait dont il s’agit,
L’erreur simple devient un crime véritable,
Et, sans consentement, l’innocence y périt.
De semblables erreurs, quelque jour qu’on leur donne,
Touchent des endroits délicats,
Et la raison bien souvent les pardonne,
Que l’honneur et l’amour ne les pardonnent pas.

Argatiphontidas.

Je n’embarrasse point là dedans ma pensée ;
Mais je hais vos Messieurs de leurs honteux délais ;
Et c’est un procédé dont j’ai l’âme blessée,
Et que les gens de cœur n’approuveront jamais.
Quand quelqu’un nous emploie, on doit, tête baissée,
Se jeter dans ses intérêts.
Argatiphontidas ne va point aux accords.
Écouter d’un ami raisonner l’adversaire
Pour des hommes d’honneur n’est point un coup à faire :
Il ne faut écouter que la vengeance alors.
Le procès ne me saurait plaire ;
Et l’on doit commencer toujours, dans ses transports,