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Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/82

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À te donner encore un nom que je défends ?

Sosie.

Non, ce n’est pas moi que j’entends,
Et je parle d’un vieux Sosie
Qui fut jadis de mes parents,
Qu’avec très grande barbarie,
À l’heure du dîner, l’on chassa de céans.

Mercure.

Prends garde de tomber dans cette frénésie,
Si tu veux demeurer au nombre des vivants.

Sosie.

Que je te rosserais, si j’avais du courage,
Double fils de putain, de trop d’orgueil enflé !

Mercure.

Que dis-tu ?

Sosie.

Que dis-tu ? Rien.

Mercure.

Que dis-tu ? Rien. Tu tiens, je crois, quelque langage.

Sosie.

Demandez : je n’ai pas soufflé.

Mercure.

Certain mot de fils de putain
A pourtant frappé mon oreille,
Il n’est rien de plus certain.

Sosie.

C’est donc un perroquet que le beau temps réveille.

Mercure.

Adieu. Lorsque le dos pourra te démanger,
Voilà l’endroit où je demeure.

Sosie.

Ô Ciel ! que l’heure de manger
Pour être mis dehors est une maudite heure !
Allons, cédons au sort dans notre affliction,
Suivons-en aujourd’hui l’aveugle fantaisie ;
Et par une juste union,
Joignons le malheureux Sosie
Au malheureux Amphitryon.
Je l’aperçois venir en bonne compagnie.