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Page:Molière - Œuvres complètes, Garnier, 1904, tome 03.djvu/189

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Par tout le monde ?

Covielle
Oui.

Monsieur Jourdain
Je pense qu’il y a bien loin en ce pays-là.

Covielle
Assurément. Je ne suis revenu de tous mes longs voyages que depuis quatre jours ; et par l’intérêt que je prends à tout ce qui vous touche, je viens vous annoncer la meilleure nouvelle du monde.

Monsieur Jourdain
Quelle ?

Covielle
Vous savez que le fils du Grand Turc est ici ?

Monsieur Jourdain
Moi ? Non.

Covielle
Comment ? il a un train tout à fait magnifique ; tout le monde le va voir, et il a été reçu en ce pays comme un seigneur d’importance.

Monsieur Jourdain
Par ma foi ! je ne savais pas cela.

Covielle
Ce qu’il y a d’avantageux pour vous, c’est qu’il est amoureux de votre fille.

Monsieur Jourdain
Le fils du Grand Turc ?

Covielle
Oui ; et il veut être votre gendre.

Monsieur Jourdain
Mon gendre, le fils du Grand Turc ?

Covielle
Le fils du Grand Turc votre gendre. Comme je le fus voir, et que j’entends parfaitement sa langue, il s’entretint avec moi ; et, après quelques autres discours, il me dit : Acciam croc soler ouch alla moustaph gidelum amanahem varahini oussere carbulath, c’est-à-dire : « N’as-tu point vu une jeune belle personne, qui est la fille de Monsieur Jourdain, gentilhomme parisien ? »

Monsieur Jourdain
Le fils du Grand Turc dit cela de moi ?

Coviel