Page:Molière - L’Avare 1669.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s’il vous plaît, que je ne vous souhaite point. Ce discours paraîtra brutal aux yeux de quelques-uns ; mais je suis assuré que vous serez personne à le prendre comme il faudra ; que c’est un mariage, madame, où vous vous imaginez bien que je dois avoir de la répugnance ; que vous n’ignorez pas, sachant ce que je suis, comme il choque mes intérêts ; et que vous voulez bien enfin que je vous dise, avec la permission de mon père, que, si les choses dépendaient de moi, cet hymen ne se ferait point.

Harpagon

Voilà un compliment bien impertinent ! Quelle belle confession à lui faire !

Mariane

Et, moi pour vous répondre, j’ai à vous dire que les choses sont fort égales, et que, si vous auriez de la répugnance à me voir votre belle-mère, je n’en aurais pas moins sans doute à vous voir mon beau-fils. Ne croyez pas, je vous prie, que ce soit moi qui cherche à vous donner cette inquiétude. Je serais fort fâchée de vous causer du déplaisir et, si je ne m’y vois forcée par une puissance absolue, je vous donne ma