Page:Molière - L’Avare 1669.djvu/106

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Voulez-vous que je trahisse mon cœur ?

Harpagon

Encore ! Avez-vous envie de changer de discours ?

Cléante

Hé bien, puisque vous voulez que je parle d’autre façon, souffrez, madame, que je me mette ici à la place de mon père, et que je vous avoue que je n’ai rien vu dans le monde de si charmant que vous, que je ne conçois rien d’égal au bonheur de vous plaire, et que le titre de votre époux est une gloire, une félicité, que je préférerais aux destinées des plus grands princes de la terre. Oui, madame le bonheur de vous posséder est à mes regards la plus belle de toutes les fortunes ; c’est où j’attache toute mon ambition. Il n’y a rien que je ne sois capable de faire pour une conquête si précieuse ; et les obstacles les plus puissants…

Harpagon

Doucement, mon fils, s’il vous plaît.

Cléante

C’est un compliment que je fais pour vous à madame.

Harpagon