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Page:Molière - L’Avare 1669.djvu/66

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As-tu quelque négoce avec le patron du logis ?

Frosine

Oui, je traite pour lui quelque petite affaire dont j’espère récompense.

La Flèche

De lui ? Ah ! ma foi, tu seras bien fine si tu en tires quelque chose, et je te donne avis que l’argent céans est fort cher.

Frosine

Il y a de certains services qui touchent merveilleusement.

La Flèche

Je suis votre valet, et tu ne connais pas encore le seigneur Harpagon. Le seigneur Harpagon est de tous les humains l’humain le moins humain, le mortel de tous les mortels le plus dur et le plus serré. Il n’est point de service qui pousse sa reconnaissance jusqu’à lui faire ouvrir les mains. De la louange, de l’estime, de la bienveillance en paroles et de l’amitié, tant qu’il vous plaira ; mais de l’argent, point d’affaires. Il n’est rien de plus sec et de plus aride que ses bonnes grâces et ses caresses, et donner est un mot pour qui il a tant d’aversion qu’il ne dit jamais : Je vous donne, mais : Je vous prête le bonjour.

Frosine