Page:Molière - L’Avare 1669.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mon Dieu, je sais l’art de traire les hommes. J’ai le secret do m’ouvrir leur tendresse, de chatouiller leurs cœurs, de trouver les endroits par où ils sont sensibles.

La Flèche

Bagatelles ici ! Je te défie d’attendrir, du côté de l’argent, l’homme dont il est question. Il est Turc là-dessus, mais d’une turquerie à désespérer tout le monde ; et l’on pourrait crever qu’il n’en branlerait pas. En un mot, il aime l’argent plus que réputation, qu’honneur et que vertu, et la vue d’un demandeur lui donne des convulsions. C’est le frapper par son endroit mortel, c’est lui percer le cœur, c’est lui arracher les entrailles ; et si… Mais il revient, je me retire.

SCENE V HARPAGON, FROSINE

HARPAGON, bas __ Tout va comme il faut. (Haut.) Hé bien ! qu’est-ce, Frosine ?

Frosine

Ah ! mon Dieu ! que vous vous portez bien ! et que vous avez là un vrai visage de santé !

Harpagon