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LIVRE I, CHAP. V

dants du second. Aussi, voit-on peu à peu se relâcher le lien qui rattache à la maison les hommes libres et dépendants tout à la fois : ils forment une classe intermédiaire, mais nettement tranchée, entre les serviteurs esclaves et les gentiles ou cognats, égaux en droits au nouveau père de famille.

La cité romaine.Au fond et dans la forme, la famille romaine est la base de l’État romain. La société s’y compose de l’assemblage des anciennes associations familiales, Romiliens, Voltiniens, Fabiens, etc., qui se sont à la longue, ici comme partout ailleurs, fondues en une grande communauté. Le territoire romain se compose de leurs domaines réunis (p.50) ; tout membre d’une de ces familles est citoyen de Rome. Tout mariage contracté suivant les formes voulues, dans le cercle de la cité, est un juste mariage ; les enfants qui en proviennent seront également des citoyens. Aussi, les citoyens, de Rome s’appellent-ils emphatiquement pères, patriciens, ou enfants de pères (patres, patricii) : eux seuls ont un père, selon le sens rigoureux du droit politique : eux seuls sont pères ou peuvent l’être. Les gentes, avec toutes les familles qu’elles embrassent, sont incorporées en bloc dans l’État. Dans leur constitution intérieure, les maisons et les familles restent ce qu’elles étaient auparavant ; mais au regard de la cité, leur loi n’est plus la même : sous la main du père chez celui-ci, le fils de famille, au dehors, se place à côté de lui ; il a ses droits et ses devoirs politiques. De même, et par la force des choses, la condition des individus, sous le protectorat d’un patricien, s’est aussi altérée : les clients et les affranchis sont admis dans la cité à cause de leur patron ; et, tout en restant dans la dépendance de la famille à laquelle ils tiennent, ils ne sont point totalement exclus de la participation aux cérémonies du culte, aux fêtes populaires ; sans qu’ils puissent prétendre encore, cela va de soi, aux