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LIVRE I, CHAP. VII

ville, tira avantage de ces institutions. Capitale de la confédération des États latins, seule elle offrait les ressources d’une ville relativement grande, au commerce, à l’esprit de lucre et au besoin des jouissances matérielles. On ne sera pas étonné en voyant le nombre de ses habitants s’accroître démesurément vite, à dater du jour où le pays latin va vivre avec elle sur le pied d’une paix perpétuelle.

Les cités latines ne restèrent pas seulement indépendantes et souveraines dans les choses qui tenaient à leur constitution et à leur administration particulières, ou qui n’avaient plus trait aux devoirs fédéraux : de plus, et réunies en un corps de trente cités, elles conservèrent d’abord leur autonomie réelle en face de Rome. Quand l’histoire affirme que vis-à-vis d’elles, Albe avait exercé une prépondérance plus grande que celle accordée ensuite à Rome, et qu’après la chute de la première, elles maintinrent leur indépendance extérieure, l’histoire dit vrai, peut-être. Albe était essentiellement ville fédérale : Rome, au contraire, formait un État séparé, placé à côté de la confédération bien plus qu’au dedans d’elle. Il en fut ici, sans doute, comme de la souveraineté des États de la Confédération du Rhin : souveraineté indépendante selon la lettre de la loi, tandis que les États de l’ancien empire d’Allemagne relevaient d’un commun suzerain. En fait, la prééminence de la cité d’Albe ne fut guère qu’un titre honorifique, semblable à celui de l’empereur allemand (p. 56) ; le protectorat de Rome, au contraire, emporta une véritable domination, comme il en a été plus tard du protectorat de Napoléon vis-à-vis des États Rhénans. Albe avait la présidence dans le conseil fédéral : Rome laisse les représentants des cités latines délibérer entre eux, sous la présidence d’officiers qu’elles ont choisis ; elle se contente de la préséance d’honneur dans les fêtes