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L’ART

contorsions qui signalèrent si longtemps la fête du mont Albain[1], les solennités des grands jeux accueillirent les courses grecques, et leur donnèrent même la plus large place aux dépens de leur ancien programme. Avant cette époque on ne trouve pas trace des courses de chars dans le Latium : en Grèce, au contraire, elles sont populaires. Enfin, le stade des Grecs (σπάδιον, en dorique) est passé de bonne heure avec son sens propre, dans la langue latine (spatium) : témoignage certain de l’emprunt des courses à cheval et en char fait par les Romains aux gens de Thurium : une autre tradition veut toutefois les faire venir d’Étrurie. Quoi qu’il en soit, comme ils avaient reçu de la Grèce la première impulsion musicale et poétique, les Romains en reçurent aussi l’invention utile des combats gymnastiques.

Caractère de la poésie et de l’éducation dans le Latium.Les Latins purent donc mettre au service de leur civilisation des éléments pareils à ceux de la civilisation et de l’art helléniques. De plus, et dès les temps anciens, la Grèce a puissamment influé sur la culture du Latium. Les Latins possédaient les rudiments de la gymnastique : l’enfant du citoyen ou du paysan romain apprenait à conduire les chevaux et le char, ou à manier l’épieu de chasse : à Rome, enfin, tout citoyen, était soldat. De plus la danse s’y élevait à la hauteur d’une fonction publique : puis bientôt les jeux de l’arène grecque furent transportés à Rome avec leurs incitations et leurs perfectionnements. Dans la poésie, les arts lyrique et tragique de la Grèce étaient sortis de chants de fêtes pareils à ceux des fêtes romaines. Dans la chanson des aïeux il y avait le germe de l’épopée ; dans la mascarade, celui de la comédie ; de ce côté encore, les exemples de la Grèce ne firent point défaut au Latium. — Et pourtant, chose remarquable, toutes ces se-

  1. [Latinæ feriæ. V. Preller, hoc vo.]