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LES COMMENCEMENTS DE ROME

Jupiter, Junon et Minerve avec son temple du Dieu de la fidélité (Deus fidius), où se concluaient publiquement tous les contrats politiques, a sa contre-partie exacte dans le Capitole nouveau, avec ses temples de Jupiter, de Junon et de Minerve ; avec son autel dédié à la bonne foi romaine, où sont de même établies les archives du Droit des gens international. Le Quirinal fut donc bien certainement le chef-lieu d’une cité indépendante. Ce qui le prouve encore, c’est le culte de Mars établi sur le Quirinal aussi bien que sur le Palatin : Mars est le prototype de l’homme de guerre ; il est en même temps le dieu principal de toute communauté italique. Ajoutons que les corporations de ses serviteurs, les deux antiques collèges des Saliens et des Luperques, existaient encore en double dans la Rome républicaine ; qu’il y avait à la fois les Saliens du Palatin, et les Saliens du Quirinal ; et qu’à côté des Loups ou Luperques Quinctiens du Palatin, il y avait aussi les Loups Fabiens, dont les rites se célébraient probablement sur l’autre colline[1][2]. Tous ces indices sont bien décisifs par eux mêmes : ils le deviennent plus encore, lorsque l’on voit

  1. [Sur les Luperques ou Lupercales, V. Preller, hoc verbo.]
  2. Les Luperques Quinctiens avaient rang avant les Fabiens. Ce qui le démontre, c’est que la légende attribue la création des premiers à Romulus, celle des seconds à Remus (Ovide. Fast., 2, 373 et s. ; Victor, de Orig., 22) Les Fabiens appartenaient aux Romains de la Colline ; on le voit par le lieu de leurs sacrifices, le Quirinal (Liv. V, 46, 52.) Peu importe que, dans l’exemple cité, il se soit ou non agi des fêtes Lupercales.— Les inscriptions nomment le Luperque Palatin, Quinctialis : Lupercus Quinctialis vetus (Orelli, 2253) Le prénom Cœso, qui, très probablement, se rattache à leur culte (V. Rhein. mus. (musée Rhénan), Nlle suite : 15, 179) se rencontre exclusivement chez les Fabiens et les Quinctiens.— Du reste, on commet une grave et fréquente faute en écrivant, avec d’anciens auteurs, Lupercus Quinctilianus ou Quinctilius. Le collège des Luperques n’appartenait pas aux Quinctiliens, gens relativement récente, mais bien à celle des Quinctiens infiniment plus ancienne. Que si au contraire, les Quinctiens (liv. I, 30) ou Quinctiliens devaient être rangés tous parmi les familles albaines (Dionys, 3, 29), il faudrait alors préférer la seconde leçon, et ne plus voir dans le mot Quinctii qu’un mode d’écrire palœo-Romain.