Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 3.djvu/139

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quer. L’expédition d’Espagne se fera au moyen d’autres légions en voie de formation. Pendant ce temps, Hannibal est arrivé sur l’Èbre. Il y est accueilli par une opiniâtre résistance. Mais dans les circonstances présentes le temps lui est plus précieux que le sang de ses soldats. En quelques mois il a écrasé les indigènes, et avec son armée diminuée déjà du quart, il atteint les Pyrénées. Les lenteurs coupables de Rome ont une seconde fois causé la perte de ses alliés espagnols. Ce désastre était facile à prévoir autant que les lenteurs auraient pu être facilement évitées. De plus, le débarquement de légions, s’il s’était effectué en temps utile, aurait mis probablement obstacle à l’invasion de l’Italie, dont il semble que méme au printemps de 536 les Romains. n’aient point encore eu la prévision. Quant à Hannibal, en allant se jeter sur le territoire de l’ennemi , il n’entendait nullement agir en désespéré, et abandonner son « royaume espagnol. » Le temps employé au siége de Sagonte et à la soumission dc la Catalogne; le corps considérable laissé par lui dans le pays conquis au nord de l’Èbre; toutes les précautions prises, enfin, démontrent que si les légions étaient venues lui disputer l’empire de l’Espagne, il ne se serait point contenté de se dérober à leurs attaques; mais les Romains n’eussent-ils fait que retarder son départ d’Espagne durant quelques semaines, un avantage capital leur était par la même acquis. L’hiver fermait les cols des Alpes avant l’arrivée des Carthaginois, et le corps expéditionnaire à destination de l’Afrique y accomplissait sa descente sans coup ferir.

Arrivé aux Pyrénées, Hannibal renroya une partie_de ses soldats chez eux. Mesure préméditée dès le début, et qui témoignait hautement aux yeux de l’armée de la confiance du général dans lé succès de l’entreprise, en même temps qu'elle était un démenti donné à ceux qui