Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 3.djvu/194

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' 'I90 LIVRE III, CHAPITRE V`I\ _ eux·mêmes et bravant le danger, pour laltirer de son abaissement et la conduire à deux pas du triomphe. Rien, absolument rien, ne mettait obstacle à l’eff`ort attendu d’elle. Une llottephénicienne, si peu nom- breuse qu’elle fut, pouvait aborder S1 Locres ou à Cro- · I. tone, et cela à l’heure ou Syracuse lui ouvrait son port, ` I ou le Macédonien tenait en échec la llotte romaine de Brundisium. Quatre mille Africains, expédiés récem- ` ment sous les ordres de Bomilcar, n’étaient-ils pas dé- ` barqués à Locres sans encombre? Et plus tard, quand I C I tout sera perdu e11 Italie, Hannibal lui-melnie ne t1·aver- sera-t-il pas facilement la mer? Malheureusement`l’élan imprimé aux Carthaginois par la victoire de Cannes 11e dura pas: la faction de la paix, toujours ardente à la ruine. I de ses adversaires, fût-ce même au prix de la ruine de · la patrie , et trouvant un allié facile dans ce peuple de I ` Carthage insouciant et à courte vue, réussit à- faire re- ` pousse1· les demandes pressantes du héros.` On lui ré- ‘ po11dit, réponse niaise à moitie et à moitié ironique, ` ` que puisqu'il'avait vaincu, il n’avait pas besoin de se- cours. En vérité, l’inertie des C:n·thaginois a sauvé Rome ‘ autant que l’énergie du Sénat romain. Élevé dans les A camps, étranger aux intrigues des partis dans la métro- I pole, Hannibal n’avait point à ses ordres de meneur · ` populaire qui l’aidat comme Hasdrubal avait aidé son père. Il lui fallait chercher au dehors les` moyens de I sauver so11 pays, quand Carthage `les avait tous en main! — Au dehors,,son espoii· semblait mieux fonde. .L’armée d’Espagne, avec ses chefs patriotes,. l’al- _ . liance avec Syracuse, l'intervention de Philippe de Ma- I I cédoine lui apportaient une utile coopération. Mais il demandait à l'Espagne, à·Syracuse et à la Macédoine i , des combattants nouveaux pour les champs de bataille de l'ltalie. La guerre avait envahi successivement l’Es- ` pagne, la Sicile et la`Grèce, soit qu’il s'agît d’ouvrir, soit