Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 3.djvu/247

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bientôt Syphax partit à la tete de cinquante mille hommes de pied environ, en de dix mille cavaliers. Il fallut lever le siége, et se rétrancher pour l’hiver dans un camp naval, construit sur un promontoire facile à défendre; entre Utique et Carthage. Là les Romains passèrent toute la mauvaise saison"(550·55l). La situation au printemps n’etait rien moins que favorable: Scipion s’en tira par un heureûx coup de main. Des négociations de paix; qui n’étaient qu’une feinte assez pen honorable, lui servirent a endormir la vigilance des Africains. Puis, par une belle nuit; il se jeta sur leurs deux camps: les huttes de roseaux des Numides furent d’abord livrées aux flammes, et quand les Carthaginois volèrent à leurs secours, l’incendie dévora aussi leurs tentes. Fuyant éperdus et sans armes, des détachements apostés les passèrent au fil de l’épée. Cette surprise de nuit avait fait plus de mal qu’une suite de batailles et de défaites. Les Carthaginois ne se laissèrent point abattre. Les plus timides ou lés plus intelligents voulaient rappeler Magon et Hannibal ; ce rappel fut rejeté. Les secours de Macédoine et de Celtibérie venaient d’arriver: on voulut livrer encore une bataille rangée dans les « Grands Champs » , à cinq jours de marche d’Utique. Scipion releva le défi avec empressement: ses vétérans et ses volontaires, dispersèrent facilement les hordes ramassées à la hâte des Numides et des Carthaginois : les Celtiberes, qui ne pouvaient espérer merci ; se firent tailler en pièces après une défense obstinée.

Deux fois battus, les Africains ne pouvaient plus se montrer en rase campagne. Leur flotte attaqua le camp _ naval, sans essuyer une défaite, mais sans un succès décisif. Le revers d’ailleurs fut, et au delà, compensé pour les Romains par la prise de Syphax, que la merveilleuse étoile dé Scipion fit tomber dans ses mains. Ã dater de là, Massinissa devient aussi pour les Romains ce