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GUERRE CONTRE ANTIOCHUS EN ASIE
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lui firent savoir qu’ils tiendraient pour déclaré l’état de guerre, si ses vaisseaux; dépassaient les îles Chélidoniennes (sur la côte de Lycie)[1]. Et Antiochus allant de l’avant, enhardis qu’ils étaient d’ailleurs par la nouvelle arrivée sur l’heure même de la bataille des Cynoscéphales, ils commencèrent aussitôt les hostilités, et couvrirent les villes importantes de Carie, Caunos, Halicarnasse, Myndas, ainsi que l’île de Samos contre toute agression.

Parmi les villes à demi libres, le plus grand nombre s’était soumis, mais quelques autres, comme la grande cité de Smyrne, comme Alexandrie de Troade et Lampsaque, en apprenant la défaite de Philippe, avaient repris courage; faisaient mine de résister au Syrien, et joignaient leurs instances à celles des Rhodiens auprès de Rome. On ne peut mettre en doute les desseins d’Antiochus, si tant est qu’il fût capable de prendre une résolution, et de la garder. Il ne se contentait plus des possessions asiatiques de l’Égypte, il voulait encore faire des conquêtes sur le continent d’Europe, dut-il en venir aux mains avec Rome, sans d’ailleurs chercher directement la guerre. Rome était donc parfaitement en droit d’exaucer les vœux de ses alliés, et d’intervenir immédiatement en Asie. Pourtant elle montra peu d’empressement. Tant qu’elle eut sur les bras la guerre de Macédoine, elle traîna les choses en longueur ; elle ne donna à Attale que le secours d’une intervention purement diplomatique, et tout d’abord efficace, il faut le dire. Après la victoire, elle s’occupa aussi des villes ayant appartenu à Ptolémée et ensuite à Philippe ; et déclara qu’Antiochus devait ne point songer à les prendre. On a vit même dans les messages d"État envoyés au Grand-Roi réserver expressément la liberté des

  1. [Auj. cap et îles Chélidonia, au S.-O. du golfe d’Adalia.]