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LIVRE III, CHAPITRE IX

villes asiatiques d’Abydos, de Cius, de Myrina. Mais elle ne passa point des paroles à l’action ; et Antiochus, profitant du départ des garnisons macédoniennes, s’empressa de mettre les siennes à leur place. Rome ne bouge pas. Elle le laisse même opérer une descente en 196 av. J.-C. Europe en 558, s’avancer dans la Chersonèse de Thrace, y occuper Sestos et Madytos, consacrer plusieurs mois au châtiment des barbares du pays, et à la reconstruction de Lysimachie, dont il fait sa principale place d’armes et la capitale de la nouvelle satrapie dite de Thrace. Flamininus, encore préposé aux affaires de la Grèce, lui envoya à Lysimachie des députés, revendiquant l’intégrité du territoire égyptien, et la liberté de tous les Grecs : ambassade inutile ! Le roi, comme toujours, invoqua ses droits incontestables sur l’ancien royaume de Lysimaque, jadis conquis par son aïeul Seleucus : ce n’est point un pays nouveau qu’il veut prendre, ajoute-t-il ; il ne fait que restaurer dans son intégrité l’empire de ses pères ; et il ne peut accepter l’intervention de Rome dans ses démêlés avec les villes sujettes d’Asie. Il eût pu dire encore, non sans apparence de raison, qu’il avait conclu la paix avec l’Égypte, et qu’il manquait même un prétexte aux Romains[1]. Mais tout à coup le roi s’en retourne en Asie. ll y est rappelé par la fausse nouvelle de la mort du jeune roi d’Égypte ; par le projet aussitôt conçu d’une descente dans l’île de Chypre ou même à Alexandrie. Les conférences avec Rome sont rompues, sans que rien ait été conclu, et à plus forte raison, sans aucun résultat matériel. Cependant l’année suivante (559)195, Antiochus

  1. Si l’on rapproche le témoignage formel de Hiéronyme qui place en 556193 les fiançailles de la syrienne Cléopâtre avec Ptolémée Épiphanes, des indications fournies par Tite-Live (33, 40) et par Appien (Syr. 3), et du mariage effectivement consommé en 561198, il ressort, sans l’ombre d’un doute, que l’immixtion des Romains dans les affaires de Égypte en Asie-Mineure n’était en aucune façon motivée de ce chef.