à coup investie par les assassins. Il prit du poison. Depuis longtemps « il se tenait prét,» ajoute un Romain, « connaissant Rome, et la parole des rois ! » L’année de sa mort est incertaine ; ce fut sans doute dans la seconde moitié de l’an 571183 av. J.-C., qu'il se suicida, à l’âge de soixante-dix ans. A l’époque de sa naissance Rome luttait, à chances douteuses, pour la conquête de la Sicile : il vécut assez pour voir l’Occident tout entier sous le joug ; pour rencontrer devant lui, dans son dernier combat contre Rome, les vaisseaux de sa ville natale devenue la vassale des Romains ; pour voir Rome encore enlever l’Orient, comme l’ouragan emporte le vaisseau sans pilote, et pour constater que lui seul, il eût été de force à le conduire ! Au jour de sa mort, il avait épuisé toutes ses espérances : du moins, dans sa lutte de cinquante années, il avait accompli à la lettre le serment d’Hannibal enfant.
Vers le même temps, dans la même année, à ce qu’il sembleMort de Scipion, mourait aussi Publius Scipion, celui que les Romains avaient coutume d’appeler « le vainqueur d’Hannibal ! » Qu’ils fussent ou ne fussent pas siens, la fortune l’accabla de tous les succès qu’elle refusait à son adversaire ; il donna à la République l’empire sur l’Espagne, l’Afrique et l’Asie. Il trouva Rome la première cité de l’Italie : il la laissa, en mourant, la souveraine du monde civilisé ! Il eut des surnoms de victoire à n’en savoir que faire : il en donna à son frère, à son cousin[1]. Et pourtant, lui aussi, il consuma ses dernières années dans l’amertume et la tristesse: et il finit ses jours dans l’exil volontaire. Il avait passé la cinquantaine. Il défendit à ses proches de ramener son corps dans cette patrie pour laquelle il avait vécu et où reposaient ses aïeux. On ne sait pas bien pourquoi il avait
- ↑ Africanus, Asiagenus, Hispallus