retire en masse avec le roi en tête des fuyards. En moins d’une heure, c’en était fait de la Macédoine. Les trois mille phalangites d’elite se .firent` hacher jusqu’au dernier: La phalange livrait son dernier grand combat à Pydna. Elle y voulut périr tout entière._ Le désastre fut immense. Vingt mille Macédoniens jonchaient le sol, onze mille étaient prisonniers. Quinze jours après avoir pris son commandement, Paul-Émile avait mis fin à la guerre. Deux jours après, toute la Macédoine faisait sa soumission. Le roi, emportant son trésor, — il avait encore en caisse plus de ·600 talents ('l0 millions de Thal. = 37,500,000 fr.), alla se réfugier dans l’île de Samothrace, suivi de quelques fidèles serviteurs. Là, il tua l'un d’eux, Évamlre, de Crète, l’instigateur principal_de la tentative d’assassinat pratiquée naguère sur Eumene, et qui, comme tel, allait avoir à en répondre. Mais ce crime fut comme le signal de l’abandon donné à ses derniers compagnons et à ses pages eux-mêmes. Un instant il se crut protégé par le droit d'asile : c’était encore un fétu de paille qui se brisait sous sa main. Il voulut gagner les terres de Cotys et n'y reussit pas. Il écrivit au consul : sa lettre ne fut point reçue, parce qu’il y gardait le titre de roi. Alors se résignant à son sort, il se rendit à merci avec ses enfants et ses trésors, pleurant et lâche, et n’inspirant que du dégoût au vainqueur. Tout joyeux de son triomphe, mais songeant davantage encore à l’instabilité des grandeurs humaines, le consul vit venir à lui le plus illustre captif qu'un général romain ait jamais ramené dans Rome. A peu d’années de là, Persée, toujours prisonnier, mourut sur les bords du lac Fucin ‘; et longtemps plus tard son fils,
‘ C’est assurément un conte que le meurtre de Persée tant reproché aux Romains. Voulant ne point manquer dit-on, à la parole qui lui garantissait la vie sauve, et voulant néanmoins se venger, ils auraient tué le malheureux en le privant de sommeil !