`92 ' ·_ LIVRE lll, CHAPITRE XI V bientôt il se produit sur le théâtre plus vaste du Forum ct du Sénat: on le considère comme l’avo'cat le plusin· _ lluent, comme, le premier des orateurs de son siècle. Il l prend la voix et le ton de Manius Curius, son idéal parmi les politiques du temps passé (ll, p. 84): il com sacre.l'œuvre de sa longue vie à la résistance loyale que suivant ses propres notions des choses il oppose partout;` à tout propos, à la décadence rapide des mœurs.; et sa quatre-vingt-quinzième année le trouvera encore sur la place publique, livrant ses derniers combats à lïesprit des temps_ nouveaux. Il n’était rien moins que beau de corps; ses ennemis lui reprochaient ses yeux vairs et ses cheveum yeux. Il ne fut pointun grand homme, dans le sens ordi- naire du mot, il ne l`ut surtout point un grand homme d`É:at aux larges vues. En morale,'en politique, ses idées tournaient court, au contraire: n’ayanl que le bon vieux A temps devant les yeux ou sur les lèvres, il faisait fi de · la nouveauté sans plus d'examen. Sévère au plus —haut degré contre lui-même, légitimant par làsarudesse ct son inflexible dureté envers tous et en toute circons- tance; honnête et droit, mais n’ayant pas la perception du devoir moral au delà de la règle positive de la loi de police, ou de la ponctualité marchande; ennemi dc l`acte bas ou déloyal,. commedes élégances brillantes de l’esprit; ennemi avant tout de .ses ennemis, jamais il ne sut remonter aux sources du mal social : il usa sa — vie ·à combattre contre les symptômes. et aussi contrc les pe1·sonnes. . , · .— · Du haut de leur dédain les hommes au pouvoir lais- _ saient faire cet ix aboyeur » à l'esprit étroit, et non sans raison peut-être 1 ils.croyaient voir p_ar·dessus sa tête,. et plus loin que.lui..Mais les roués élégants, dans le Sénat- · ct horsdu Sénat, tremblaient en secret devant le vieil aiistarque des inœurs, à la fière et républicaine allure; · devant le vétéran, tout couvert des cicatricesrapportées
