Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

` LES PEUPLES DU NORD 147 Mais une question se posait, bien autrement importante M¤rî¤S· , , _ _ général en chef. que la pàture donnee a la vengeance. Comment allart~on . mener la guerre au—delà des Alpes : et _d’abord, à qui conférer le genéralat? Avec des esprits moins prévenus, un choix convenable n’eût point été chose difticile. Rome, · si l’on songe à la gloire ·des anciens temps, n’était‘ point riche alors en notabilités militaires : pourtant elle n’était · point. sans av_oir des généraux qui s’etaient illustrés, —· Quintus Maximus,·dans la Gaule, Marcus /Emilius Scaurus, · ot Marcus Minucius dans la région danubienne, Quintus portée par plusieurs tribuns a la fois (ad Herenn., 1, 14, 24.- lle . orat., 2, 47, 197); et Saturninus étant mort dans l’intervalle, quand · · la faction aristocratique putsonger àsa vengeance, elle s’attaqua aus- , sitôtà ceux de ses collègues qui vivaient encore. Quant à la date de la seconde etfinale condamnation de Cœpion, déjà nous avons fait voir l’erreur de l’opinion commune et très-peu réfléchie qui la place en 659, dix ans après la bataille d’0range. Elle se fonde uniquement 95 av; ,r_·c_ sur ce que Crassus était consul (659), lorsqu’il parla en faveur de oo. Coepion (Cic., B1·ut.,·44, 162) : mais il est par trop manifeste que _ Crassus n’était point son avocat; il ne fit que prendre la parole dans ` le procès alors intenté a Norbanus, par Publius Sulpicius Rufus, lequel Rufus demandait vengeance de la poursuite jadis exercée `contre Cœpion. D’après ce que j’ai dit plus haut, on pourrait admettre la date de 650 : mais depuis que nous avons appris que Saturninus _ 104. - 'a été l’accusateur principal, il n’y a plus à hésiter qu’entre l’année _ 651, où Saturninus est pour la première fois nommé tribun (Plutarch., ’ 103. ,It1ar.,14.— Oros., 5,17.- App., 1, 28. —— Diodor.,;p. 608-631), ‘ et l’année 654, ou il revêtune seconde fois ces mêmes ouctionsf De 100. raisousdécisives en un sens ou dans l’autre, je nÉen sais guère, si . ce n’est que la grande vraisemblance parle pour l’an 651. On était ` 103- alors presque au lendemain du désastre subi dansla Gaule. Puis, · lparmi les details assez complets que nous possédons surlle second . tribunat de Saturninus, nous n’y trouvons rien qui se réfère a Quintus Cœpion le père et aux voies defait judiciaires exercées contre lui. On tirera argument peut-être de ce que Saturninus, durant ce se- cond tribunat, et à l’occasion de ses projets de colonisation, aurait · ·voulu utiliser les sommes versées au trésor à titre de restitution de l`or de Toulouse (de vir. illust., 73, 5; _et sur ce passage, Orelli, ind. legg., 137). Cette allusion' ne me convainc pas : on a bien . pu d’ailleurs faire confusion entre la première loi agraire africaine · de Saturninus et sa seconde loi générale. Enfin, il y eut comme un retour ironique du sort, retour habituel aux procès politiques de Rome, à cette époque, dans l’accusation postérieurement suivie contre Norbanus, et basée précisément sur la loi dont il étaitl’un des auteurs (Cic., Brut., 89, 385 [Varius... sua lege damnaIus]). ll n’en résulte pas le moins du monde .que l’Appuleia, au lieu dÉêtre une loi d’ex- cep_tion, ait eu le caractère de loi générale, punissant tous les ‘ crimes de haute trahison, ainsi que l’a fait plus tard la Cornelia.