Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/352

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348 LIVRE —IV, CHA-PITRE X ` Sylla avait évité d’en franchir les murs. Il emprunta le nom de sa nouvelle charge à la dictature, tombée en désuétude depuis le temps des guerres d’Hannibal (IV, p. 102) : mais, sans compter les hommes armés qui le suivaienttoujours, il se_ fit précéder par des licteurs en nombre double de ceux qu'avait eus le dictateur des anciens temps' E de fait, cette dictature nouvelle a avec mission » de décréter les lois et d’organiser la République [Rei- , » publicœ_ constiluendœ causa] », ainsi le disait son titre, n’avait plus rien de commun avec l'ancienne fonction, limitée quant à sa durée et ses pouvoirs, n’excluant pas l'appel au peuple, et n'annulant pas la magistrature régu- · lière. Elle ressemblait plutot au decemvirat du temps des Douze-Tables [Decemviri legibus scribundis] , dont les titu- laires revétus de pouvoirs exceptionnels et absolus, avaient pris la place de toutes les magistratures ordinaires, et de-, meuraient en fonctions durant un temps, en réalité, illimité. Mieux encore, la dictature de Sylla, avec l’appareil de ses pouvoirs absolus, conférés par le vote populaire indivisé- , ment, et sans terme, n’avait plus son type ailleurs que dans l'ancienne royauté, elle aussi fondée surlhommage volon- taire du peuple, qui promettait obéissance au citoyen de · son choix. Chez les contemporains eux—mèmes Sylla trouva ‘ Les traditions les plus dignes de foi ne donnent aux rois que douze licteurs (Cicér., de repub., 2, 17, 31; —- Tit. 'Liv., 1, 8, et alias: secùs, Appien, bell. civ.,1, 100): de même, à l'origine, les deux consuls n'en ont aussi que douze, chacun d’eux les prenant pendant un mois alternativement. Par suite, `il faut tenir que le dictateur n'en avait pas davantage: ce qui peut encore s'induire de T. Liv. (epit. 98), où il est dit qu’avan't Sylla,. jamais dictateur n’a eu vingt-quatre licteurs. ·-- Polybe, il est vrai, afiirme le contraire (3, 87): mais il faut remarquer qu’il parle là d’une magistrature tombée de son temps en désuétude: et que, comme de sou temps aussi, les deux consuls avaient pris chacun les douze licteurs, il n'y avait plus rien de contraireà la theorie du droit public à ce que le dictateur en eût vingt-quatre. De là, par voie de conséquence, les vingt-quatre licteurs attribués au dictateur, même des plus anciens temps, par Denys d’Hal. (10, 24) et par Plutarque (Fab. 4). Rien ne s’opp0se, à mon sens, à ce qu’on regarde Sylla comme le premier auteur de cette pratique, et de _tenir pour vraie, dès lors, l'asserti0n fort sérieuse de l'abréviateur de T. Live. ‘