Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/398

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394 LIVRE 1V, CHAPITRE X ` sance de celle—ci, lui confie la législation, les tribunaux, la guerre, les finances; et lui donne dans les esclaves affranchis, une garde fidèle, dans les colonies militaires une armée. Enfin sa tache est· achevée : 1'onvrier alors se O retire, et laisse son œuvre : le régent absolu abdique de sa pleine volonté, et redevient simple sénateur. Dans toute _ cette longue carrière militaire et politique, jamais il n’a ` perdu une bataille,jamais il n’a reculé d’un pas: sans que ' personne l’arrète, ami ou ennemi, il a marché droitjusqu’au · but qu’il s’est à lui-meme posé. Oui, Sylla ent raison de _ se louer de sa bonne étoile. La ·fortune, cette capricieuse déesse, avait, pour·lui seul, changé son humeur légère en , constance : elle se complut à entasser et les honneurs et~ les succès, et les dons qu’il ambitionnait et ceux qu’il ne ` recherchait pas,` sur la tete de son protégél A l’histoire · cependant, il appartient d’ètre plus juste envers lui qu’il ne le fut lui-meme, et de lui asssigner un plushaut rang · qu'aux simples favoris du sortl · · sanœme. Non que la constitution syllanienne ait été une œuvre originale en politique, àl’égal de celle des‘Gracques ou de César. Ainsi qu’il arrivede tout travail de pure restauration, vous n’y rencontrez pas, à vrai dire, unepensée neuve ` ' d'hommead’État: tous ses éléments lesplus essentiels, l’entrée dans le Sénat après l’exercice de la questure, les censeurs privés du droit de radiation, l'initiative legiférante donnée au Sénat, la fonction tribunicienne changée en instrument sénatorial, ·en un·f'rein à l’usage de lïmjzc- rium,··celui—ci transmis du magistrat élu par·le peuple au proconsul ou propréteur tenant du· Sénat ses· pouvoirs; enfin l'ordonnance nouvelle des procès criminels et des municipes, tout cela n'est point la créationdu dictateur : toutes ces institutions appartiennenten propre au régime oligarchique, ou déjà elles ont pris naissance et grandi ` avant Sylla : il n’a fait que les régler et fixer; Et mème - ` les infamies sanglantes de sa restauration, ’les prescriptions, V ` les confiscations, si on les compare aux- actes des Nasica,