Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/406

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402 LIVRE IV, CHAPITRE de Rome 2 là, il y avait justilium : les affaires et les tri- bunaux chômaient et deux mille couronnes d’or attendaient l’illustre défunt, dernier gage d’honneur décerné par les légions, les villes et ses plus proches amis. Il avait, selon l’usage de la gens Cornelia, ordonné d’ensevelir son corps sans le brûlcr : mais ses amisgmieux que lui, songèrent auxjou1·s d’autrefois et aux jours de l’avenir, et Ie Sénat fit livrer aux flammes du bûcher funèbre les restes de l’homme qui avait osé troubler dans le tombeau le repos _ des restes de Marius. Escorté par les magistrats et le Sénat tout entier, par les prêtres et pretresses en costume, et par _ la troupe des jeunes enfants nobles, armés en cavaliers, le corps arriva sur le Forum : la, sur cette meme place, remplie du bruit de ses actions et retentissanto encore de sa redoutable parole, l'éloge funèbre fut prononcé : puis, portée sur les épaules des sénateurs, la bière se dirigea vers le Champ-de—Mars, ou était dressé le bùcher. Pendant qu’il se consumait dans les flammes, les chevaliers et les soldats menèrent la course d’honneur autour du cadavre, et entin les cendres furent déposées au meme lieu, près du sépulcre des anciens rois. Les femmes romaines portèrent pendant un an le deuil ‘.

  • [Le portrait de Sylla, homme politique et législateur, tracé par

la plume de M. Mommsen, semblera presque nouveau à quiconque, en France, n'est pas au courant des travaux de la science historique ~ à l’étranger. Cette remarquable et puissante figure a toujours plus étonné qu’elle n’a été jugée : chez nous, on ne connait guère dans .Sylla que l’homme aux proscriptions, et le débauché qui abdique ¤ pour achever sa vie dans les plus honteux plaisirs. - Montesquieu l’a voulu peindre en une ligne: « Sylla qui confondit la tyrannie, » ]’anarchie et la liberté n (Esprit des Lois, Vl, 15): mais il y a peut- être là un brillant cliquetis de mots, plutôt qu'un jugement exact. J’aime mieux le precis qu’il écrit ailleurs : « Sylla fit des lois très- ¤ propres a ôter la cause desdésordres qu'on avait vus... n (Gran- deur et décadence des_R0m., XI). Ici, je trouve une étude incomplète, riche du moins en considérations solides et vraiment politiquesn Mais le caractère de l’homme, le portrait est nécessairement aissé de côté. Notre grand publiciste, cependant, avait eu l'esprit frappé de l’etl'rayante grandeur de celui que M. Mommsen appelle le pre- mier regent absolu de Rome: le Dialogue d’Eucrate et Sylla, si déclamatoire, si peu réel quil soit, atteste un travail sérieux d'ima· gination et de pensee. - armi les études faites à l'étranger, nous