Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 7.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

RÉGENCE DE POMPÉE ET CESAR 127 enpartie pour plaire au sénat que Pompée a laissé rappeler Cicéron : Clodius, de son côte, déclare nulles et non ` C avenues les lois juliennes `: il invoque Marcus Bibulus et 4 V lui demande d’attester solennellement leurinconstitution- nalité! Quel résultat sérieux attendre de ce conflit tumul- _ tueux de basses· passions? Néant du but, ridicule et honteux, voilà ce qui le caractérise! César, lui-même, ` C pour grand génie qu’il fut, César aurait apprisà ses dépens que la panacée démocratique était usée désormais, —et qu’à marcher vers le trône il convenaitde ne pluspasser ` par la démagogie. Dans l’interrègne actuel entrela répu- Ã ` blique et la monarchie, c’était jouer un pauvre rôle de ' remplissage historique que de s’étaler sottement avecle manteau et le bâton du prophète, dont César faisait ii depuis longtemps, que de ramener en scene je ne sais quelle parodie défigurée des grandes pensées de Gains Gracchus. La prétendue armée qui essaya ce renouvellement d’agi- tation démocratique était si peu un parti qu’il ne lui fut point laissé de place à l’heure de la bataille décisive. Il y aurait pareille erreur à soutenir que l’anarchie, à tout le , moins, a pu réagir sur les convictions des indifférents et ` susciter en eux une aspiration quelconque vers l’introni- sation d’un pouvoir militaire, durable et fort. Rappelons- le, la plupart des citoyens demeurés neutres se tenaient éloignés de Rome et n’étaient plus directement lésés par l’émeute quotidienne. En outre, tous les hommes dont l’opinion aurait eu à fléchir devant de tels motifs, après ' l’épreuve faite de la conspiration de Catiiina, étaient d’avance convertis à la doctrine de l'autorité. Néanmoins, ` les trembleurs politiques redoutaient par dessus tout la terrible crise, inséparable de la catastrophe finale, et ils subissaient de préférence l’anarchie se perpétuant dans Rome, anarchie d’ailleurs qui demeurait ala surface. Elle n’avait en effetd’autres conséquences quede faireàPompée, chaque jour en butte aux attaques des Clodiens, une posi- tion à peu pres intenable, et dele pousser ainsi, bon gré, · malgré, dans la voie où nous l’allons suivre. . . ·