Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 7.djvu/166

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» Rome ! » Dans les poésies de Catulle î, et dans les autres débris de la littérature du temps, on retrouve l’accent primesautier de ces haines vigoureuses personnelles et politiques 1 on y sent frémir la passion républicaine à l’agonie, se complaisant jusque dans ses fureurs dernières, dans son désespoir qui déborde, et parlant encore, mais moins puissamment, je le concède, le langage des Aristophane et des Démosthènes ! Du moins, le plus intelligent des Triumvirs reconnaissait que si eu a dédaigner que fût l’opposition _des lettrés, il n’y avait pas a songer à la briser sous les coups de la force. Il aima mieux, autant qu'il était en son pouvoir, tenter de ramener a lui les principaux d’entre eux. Cicéron, le premier, devait en grande partie à son renom d’écrivain les attentions bienveillantes que lui prodiguait César. Une autre fois, .mettant à profit la connaissance qu’il avait faite à Vérone du père de Catulle 2, le proconsul des Gaules ne dédaignait pas de recourir à son intermédiaire pour conclure la paix avec le fils: on vit même le puissant émperator, oublieux de tant de sarcasmes amers et d’injures directes, accabler le jeune poète des plus flatteuses distinctions. Bien plus, il voulut, esprit original entre tous, suivre jusque sur leur propre terrain les littérateurs, ses ennemis : il publia à titre de défense indirecte contre

‘ [V. cli. XII, où, en traitant de lalitiératurc au siècle de César, _ M. Mommsen parle de Catulle avec sufiïsamment de détails.] Le recueil qui nous est resté de lui fourmille d’allusions aux événe- 66.64¤v·J.-C· ments des années 699 et 700: il a été publié évidemmentà cette dernière date. Le fait le, plus récent qu’il mentionne est le procès s4. , faità Vatinius (août 700, V. Cat., 14, 52. 53). Saint Jérôme reporte c7. B6. la mort de Gatulle aux·années 697 ou 698 : on voit qu’il faut la retarder au contraire de quelques années. S’attachant aux invectives du poète contre Vatinius, quil se parjure par son consulat (per consulatum pcjcrat Vatinius. n Cat., 52), on a conclu, mais à tort, · 47~ _que le recueil Catullien n’a paru qu’en 707. Tout ce qu’on· en peut inférer, c’est qu’à ce moment Vatinius avait l’expectative du consulat 5* pour une année fixée d’avance : or, dès 700,~ il avait toutes raisons . ‘ _ de compter sur sa nomination future, et bien certainement son nom · figurait sur les listes de candidature concertées à Lucques. ‘ [Suet. J. Cœs., 73.] ,