Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 7.djvu/200

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196 LIVRE V, CHAPITRE IX ` consulat des Espagnes, ou par autorisation spéciale il puisait a pleines mains dans 'le trésor public, pour la solde de ses troupes, bien loin de procurer à César — une prorogation pareille et de pareilles allocations finan- cières, les lois qui réorganisaient à ce moment même l’investiture des grandes charges, ne tendaient à rien moins, sous forme de règle générale, qu’a rappeler celui-ci avant l'échéance précédemment convenue (pp. 1 42, M8). _ Toutes mesures manifestement conçues en vue de miner . ` la position de César, et de le renverser!. Jamais l’heure n’avait été plus propice. César à Lucques, en donnant à Pompée tant de 'puissance, s’était dit qu’advenant la rupture, il aurait a côtéde lui, dans le même plateau de la ‘ balance, Crassus et l’armée de. Syrie. Crassus, depuis _ · les temps de Sylla, n’avait eu pour Pompée que les sentiments d’une profonde haine : presque à la même époque il s’était fait 1’ami politique et personnel de César. Ne pouvant être le roi dans Rome, on savait assez qu’il s’y contenterait du rôle de banquier du roi nouveau. César . avait donc pu compter sur lui : jamais il n’aurait passé dans le camp ennemi. La catastrophe du mois de juin 53 ¤v· ·Y··¤· 704, où s'engloutirent l’armée de Syrie et son chef, avait doncporté à César un coup des plus sensibles. Quelques mois plus tard, à l’heure même où elle semblait étouffée, _ l’insurrectîon nationale se rallumait plus forte dans _ toutes les Gaules, et le Triumvir, pour la première fois, rencontrait en face de lui un adversaire homme de génie • [« Pompée, qui absent » dit Drumann (IV. p. 531), occupait la plus haute magistrature urbaine,.ût reprendre la loi aux termes de aquelle nul absent ne pouvait se porter candidat, obligeant ainsi César a déposer lïmperium, s’il voulait être une seconde fois consul, et à se livrer sans défense aux accusations criminelles de ses enne- mis. Comme on eût pu lui objecter qu’il devrait par la même raison, résigner son commandement en Espagne, Pompée avait eu soin de se faire proroger pour cinq ans, par sénatus-consulte spécial. Enfin, etpour le cas où, néanmoins, César aurait été nommé consul, le Sénat disposa de nouveau que le consul ne pouvait entrer dans son commandement provincial que cinq ans après sa sortie de charge; n i- Suét. Cœs;26. 28. -— Dio Cass. 40, 56).]