Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 7.djvu/319

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PHARS ALE 3l5 · ll avait toute son armée sous la main. César, au contraire, attendait encore sa division de près de deux légions, détachée naguère en Etolie et en Thessalie sous _ Pharsale (Cœs. B.c. 3, 83. -— Frontinus, Stratag. 2, 3, 22). Mais. · leur camp n`a pas pu être là. Il s’étendait au pied des Cynoscéphales, · sur la rive droite, arrant à César le chemin de Scotussa, et gardant évidemment leur ligne de retraite sur Larisse par les hauteurs : s’ils . avaient campé, comme le veut Leake (4, 482), à l’est de Pharsale, _et sur la rive gauche de l‘Enipée, jamais ils n'auraient pu, après le combat, tirer au nord, ayant à franchir ce cours d’eau, aux berges profondes. coupées à pic (Leake, 4, 469). Au lieu de regagner Larisse, Pompée eût du fuir vers Lamia. ll est donc vraisemblable _ que les Pompéiens avaient planté leur camp sur la rive droite du ·Fersaliti, et qu’ils le passèrent avant la bataille et après, pour ren- _ trer dans leur camp ; puis, qu’ils remonterent les pentes voisines de Crannon et de Scotussa, lesquelles vont se rattacher par leurs crêtes aux hauteurs des Cynoscéphales. A cela rien d`impossible. L’Énipée n'est qu‘un ruisseau étroit et lent, où en novembre Leake trouva deux pieds d’eau et souvent à sec dans la saison chaude (Leake, 4, · 448, `et`4, 472. -—·Cf.`Lucan. 6, 373 [nunquamque celer nisi miœtus Enipeus) ); or, on était au cœur de l’été, quand se donna la bataille. ' Avant d’en venir aux mains, les deux armées étaient a 30 stades l’une de l'autre (App. B. c. 2, 65 : 3/4 de mille allem. = une lieue et demie) : les Pompéiens avaient pu tout à l‘aise faire leurs pré? paratifs, jeter des ponts, et assurer leurs communications avec le camp. A la vérité, si la bataille avait fini par une déroute, ils n’eus- sent pu eiïectuer leur retraite le long du torrent et par dessus ses berges : et c’était là, je n’en doute point, l’une des raisons pour ` lesquelles Pompée ne voulut point d’abord se battre. Aussi son aile . gauche, placée plus loin de la ligne de retraite, s’est-elle le plus ressentie de ce désavantage des lieux. Pour le centre et l’aile droite, ils se retirèrent sans trop de hâte, et purent fort bien franchir le Fersaliti, dans les conditions données. Que si César et ses copistes n’ont point parlé de ce passage du torrent, c’est u'en le faisant, ils 'eussent trop mis en lumière cette’folle ardeur de combattre, qui, _ tout le prouve,· poussait les Pompéiens en avant, et aussi les res- ' sources mêmes qu’ils se ménageaient pour la retraite. · [Nous ne voulons ajouter que peu de mots à cette longue note de M. Mommsen. Nous ferons remarquer seulement que M. Leake et M. Merivale (2, p. 284) ne diffèrent d’avec lui qu’en ce qu’ils pla- cent le camp de Pompee, comme celui de César, sur la rive gauche _ de l’Énipée, tandis que M. Mommsen le place au nord, sur la rive droite : quant au champ _de bataille lui-même, ils sont tous les trois d'accord. -— Les positions de Palœo— et Néo—Pharsale, dans l`opinion commune, étaient sur la rive gauche, et la bataille eut lieu près de la premièrelocalité (Oros. 6. 15. -- B. Alex. 48). D‘autre part, il est certain que la droite de Pompée s’appuyait à l’Énipée (B. c. 3, ` 88, et surtout Frontin. 2, 3. 22. App. B. _c. 2, 75). Dans l’hypothèse de M. Mommsen et de Leake, les troupes de Pompée, ayant leur droite appuyée à la rive gauche, regardaient le nord-ouest : César au contraire, aurait eu·son armée tournée vers le sud- est. —- Mais _ un troisième système s'est produit, celui de Gœler, qui fait couler '