Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 7.djvu/322

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3i8 LIVRE V, CHAPITRE X l après une brave mais courte résistance, rompit la cava- lerie césarienne, et se développant sur sa gauche, se mit en devoir de tourner les fantassins. Mais César avait ' prévu que ses cavaliers ne pourraient lutter, et derrière eux, sur le flanc menacé, se tenaient' 2,000 de ses · meilleurs légionnaires. Quand les escadrons de Pompée, poussant et chassant leurs adversaires, arrivèrent en tourbillonnant sur ses lignes, ils se heurtèrent contre une muraille vivante. Les légionnaires sans peur mar- · chaient à eux, et leur attaque à la fois inattendue et . insolite le_s rejeta en désordre 1. Ils vidèrent le champ à _ bride abattue. Les Césariens font main basse sur les ` sagittaires livrés sans défense, se précipitent ensuite sur · 4 la gauche ennemie, et la prennent a revers à leur tour. . Au même moment César, sur tout le front de bataille, pousse en avant sa troisième ligne tenue jusque-la en réserve. A cette défaite inattendue des meilleures troupes V- de Pompée, armée et général, celui-ci avant tous, perdent ' courage, et le courage de l’ennemi s’accroit; A peine aèt- il vu ses cavaliers battre en retraite, que Pompée, qui n’a jamais eu confiance dans son infanterie, quitte lui—même aussitôt le terrain, et se réfugie dans son camp, sans . même attendre l’issue de 1’attaque générale de César. Ses · légions hésitent, et bientôt elles aussi, repassant le ruis- ‘ lci se place le conseil célèbre donné par César â ses soldats, de ` frapper les cavaliers ennemis au visage [faciem feri.| L’infanterie marchant, ce jour, irrégulièrement àl`attaque de la cavalerie, ne pouvait se servir utilement de l'épée : elle ut garder le pilum au lieu de le jeter, et s’en servir comme d'une pique, portant en haut la pointe pour mieux se défendre (Plut. Pompée : 69, 91. —· Cœs. _ 45, —-· App. 2, 76, 78. -— Flor. 4, 2. --Oros. 6, 15. - Cf. Frontin. qui est dans l’erreur, 4, 7, 32). L’ordre donné par César a · dérivé en anecdote. Les cavaliers de Pompée auraient tournébride, de peur de balafres reçues au visage; et ils se seraient enfuis, tenant la main devant les yeux (Plutarch.). A cela pas un mot de vrai. , L'historiette ne serait piquante qu’autant que la cavalerie pom- péienne aurait été composée, pour le plus grand nombre, vraiment, de tous ces jeunes nobles et ¤ beaux danseurs n venus`de Rome! Mais il n’en était rien. Peut-être que l’ordre du Àour très-simple et très-militaire de César aura fourni le canavas à es plaisanteries de camp, et par suite, à un récit absurde. l